Dossier : La vente en vrac entre défis et opportunités

La vente en vrac est en constante évolution. Même si la crise du COVID a quelque peu impacté le secteur, ce dernier suscite toujours l’engouement des consommateurs français et les récentes législations en matière de réduction des emballages amènent les producteurs et les distributeurs à investir davantage la filière.

En 2015, on comptait une vingtaine d’épiceries vrac en France, ce marché a été multiplié par dix en cinq ans. Son chiffre d’affaires cumulé s’élève à 1,3 milliard d’euros en 2020 contre 100 millions en 2013 et d’ici à 2023, il pourrait peser 3 milliards d’euros.

Malgré la crise sanitaire, les clients sont revenus au vrac. Selon une enquête de l’institut Yougov d’aout 2022, les Français sont 41% à déclarer acheter du vrac au moins une fois par mois en grande surface, en magasin bio, au marché ou en boutique spécialisée. 40 % sont en zone rurale ou dans une petite ville et 53 % ont plus de 50 ans et l’on compte autant d’ouvriers que de cadres supérieurs.

Aujourd’hui, 75 % des hypermarchés et supermarchés disposent d’un rayon vrac. Il existe trois modes de vente en vrac : la vente assistée où un vendeur se charge du prélèvement et du conditionnement des produits à la demande du consommateur ; la vente accompagnée sous la surveillance d’un vendeur, le consommateur s’occupe du prélèvement et/ou du conditionnement des produits ; la vente en libre-service où le consommateur effectue le prélèvement et le conditionnement par lui-même.

Pour 90% des références proposées en vrac par une enseigne, les prix sont moins chers en vrac que dans les rayons classiques, pour une même quantité achetée et les réductions vont de 5 à 10%. Les produits les plus appréciés sont les bonbons, les apéritifs (noix de cajou, cacahuètes…), ainsi que les aides pour la pâtisserie, alors que les industriels pariaient sur les pâtes, le riz et les fruits secs.

De réels défis pour les producteurs et les distributeurs

Le marché de la vente en vrac impose de réels défis, d’une part aux entreprises de l’agroalimentaire et d’autre part aux acteurs de la grande distribution.

Pour les entreprises de l’agroalimentaire, côté production, le conditionnement et la conservation, ne sont pas évidents. Répondre à la demande de vrac signifie de nouveaux investissements pour les entreprises qui doivent adapter des lignes de production pour passer des sachets de 100 g à des paquets au moins d’une centaine de kilos ou de concevoir du matériel adapté pour des produits difficilement compatibles avec le vrac.

Concernant les acteurs de la grande distribution alimentaire, fondamentalement différente de la vente en emballage, la vente en vrac les amène à revoir le stockage des produits, la manière de les présenter en rayon et de diffuser les informations des produits aux clients usuellement apposées sur l’emballage. Il faut adapter la relation client, car ce sont eux qui se servent et font la pesée.

Entre les vols, les mites alimentaires, la lumière ou même l’oxygène qui altère certains produits, cela induit un taux de perte du vrac élevé. Les méthodes de conversation doivent être ainsi revues à la lumière de ces nouvelles problématiques qui engagent à repenser l’ergonomie des dispositifs matériels. La mise en rayon implique des compétences physiques et logistiques pour assurer la manutention et la traçabilité des produits, car la priorité est de garantir l’hygiène et la sécurité sanitaire attendues par les clients.

Enfin la vente en vrac amène les distributeurs à devoir former leurs employés pour qu’ils puissent adapter la distribution et la communication pour délivrer aux clients les informations concernant un produit, mais aussi pour fluidifier les parcours client.

La vente en vrac, une filière d’innovations

En France, la vente en vrac se porte très bien et a de belles perspectives devant elles, notamment grâce au projet de loi Climat et Résilience. Adopté en première lecture, un article de loi impose aux magasins de plus de 400 m2 de dédier 20 % de leur surface aux produits sans emballage d’ici au 1er janvier 2030. De plus les Français, qui sensibilisés à réduire les déchets, à la lutte contre le gaspillage ou pour réaliser des économies, ont un réel engouement pour la vente en vrac.

Cela pousse les acteurs du secteur de la grande distribution à innover pour faciliter davantage ce mode de consommation en répondant aux enjeux des producteurs, des distributeurs et des clients.

Ainsi, la vente en vrac pousse à de nombreuses innovations. Les acteurs français consacrent en moyenne 10 % de leur chiffre d’affaires à la recherche et au développement. En France depuis 2016, 60 innovations ont émergé, dont 25 ont été brevetées.

Par exemple, pour faciliter l’utilisation du vrac à ses clients, Carrefour a mis en place plusieurs innovations comme leurs trémies équipées d’un capteur relié à une balance. Lorsque le client s’est servi, la balance affiche directement le produit choisi. Des QR codes sont aussi connectés aux balances, ce qui permet de fournir plusieurs informations au consommateur : origine des produits, conseils de préparation, recettes, Nutri-Score etc.

HL Display propose, par exemple, un meuble de distribution gravitaire associé à une boîte en carton adaptée pour contenir le produit. Ce dispositif effectue une réalimentation du meuble sans manipuler le produit. Cela suscite l’intérêt des acteurs de la grande distribution qui cherchent à limiter les manipulations de produits pour éviter toute contamination ou détérioration du produit.

Ainsi la vente en vrac qui suscite l’engouement des consommateurs, pose aussi aux producteurs et aux distributeurs de réels défis. Mais la filière s’avère être un secteur d’avenir et d’innovations qui s’inscrit dans un mode de consommation plus responsable et vertueux.

Chez Greenman Arth, nous sommes conscients que les consommateurs recherchent de plus en plus des produits respectueux de l’environnement et économiques. Ainsi, nous considérons qu’investir dans la filière de la vente en vrac est une opportunité de croissance, de rentabilité et de diversification.

Sources : Les données et analyses exposées ci-dessus sont issues de différentes études et articles de presse :

Etude Réseau Vrac x Nielsen ; étude Réseau Vrac « Dynamiques, pratiques et impacts des professionnels un vrac »

https://www.lefigaro.fr/conso/e-leclerc-et-carrefour-optent-pour-le-vrac-20220608

https://www.lesechos.fr/industrie-services/conso-distribution/vols-mites-conservation-ces-defis-que-pose-le-vrac-pour-les-marques-dagroalimentaire-1876121

https://www.lemonde.fr/economie/article/2021/03/29/l-obligation-de-vendre-en-vrac-agace-fabricants-et-distributeurs_6074787_3234.html

https://www.citeo.com/le-mag/faq-vente-en-vrac-que-sait-sur-cette-tendance-de-la-consommation-responsable#faq12

https://www.economie.gouv.fr/dgccrf/denrees-alimentaires-la-vente-en-vrac-besoin-dun-peu-dordre

https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/le-passage-a-la-vente-en-vrac-oblige-les-distributeurs-a-revoir-leurs-pratiques-920490.html

https://commercantsdumonde.com/2019/01/04/la-vente-en-vrac-le-retour-aux-sources/